lundi 15 juillet 2024

Lundi, le 15 juillet 2024

Les racines. Les racines sont très humbles : la plupart du temps, on ne les voit même pas. Les racines n’ont pas de belles couleurs : elles sont fades et ternes. Les racines sont peu attirantes : à leur contact, on se salit les mains. Les racines n’ont pas choisi d’être des racines : elles auraient sans doute préféré être des feuilles ou des fleurs ou des fruits. Il n’en demeure pas moins qu’elles sont des racines, humbles, ternes et salissantes. Et pourtant, les racines sont nécessaires. Pas de racines, pas d’arbre. Un arbre sans racines tomberait par terre au moindre vent. Bien plus, il mourrait, incapable d’aller chercher sa nourriture au cœur de la terre. Les pépiniéristes et les jardiniers le savent très bien, eux qui prennent tellement soin des racines. Ils ameublissent la terre, ils la sarclent, ils l’engraissent, ils l’arrosent, ils la privent de ses mauvaises herbes. Ils se donnent tout ce mal pour avoir des racines en bonne santé. Et alors toute la plante est belle et tout le monde est content. Les pauvres sont très petits. La plupart du temps, on ne les écoute pas; ils sont sans-voix, sans-avoir, sans-pouvoir. Ils n’ont pas d’importance. Les pauvres ne sont pas très intéressants : souvent, ils n’ont pas d’instruction, ils n’ont pas d’argent, ils n’ont pas de conversation. Les pauvres ne sont pas très attirants : souvent, ils sont mal éduqués, ils sont mal habillés et malpropres, ils sont malades. Les pauvres n’ont pas choisi d’être pauvres. Ils auraient sûrement aimé mieux avoir un bon compte en banque, avoir une bonne réputation, avoir une bonne santé. Il n’en reste pas moins qu’ils sont des pauvres. Il y a des pauvres dans nos sociétés, même capitalistes et nord-américaines! Peut-être servent-ils à quelque chose! Qui sait? Peut-être, par exemple, à nous rappeler qu’il faudrait nous occuper d’eux, comme l’arbre s’occupe de ses racines! Il faudrait peut-être les nourrir, leur donner des conditions de vie raisonnables, et surtout leur redonner l’espoir, le goût de vivre. Peut-être même sont-ils nécessaires? Non pas dans le sens qu’ils doivent rester pauvres, mais dans le sens qu’ils rappellent aux plus riches de leur donner de leurs biens chaque fois qu’il le faut, qu’ils rappellent à ceux qui ont du travail de le partager avec les chômeurs. Quelle monstruosité que des fleurs qui s’embelliraient sur le dos des racines! Quelle tristesse que des riches qui s’enrichiraient en exploitant des pauvres! Si par hasard il se trouvait que les pauvres soient les racines de l’arbre de nos sociétés… en bons jardiniers, avec quel soin nous nous en occuperions! On juge de la bonne santé d’un arbre aux soins qu’on donne à ses racines. On juge de la bonne santé d’une société à la qualité et à la quantité des soins qu’elle fournit à ses plus démunis! (Jules Beaulac) Bonne journée.

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